Vénus, étoile très brillant dans le
ciel du soir (crédit : British Astronomical Association)
Vénus tient son nom de la déesse romaine de l'amour. Cette déesse fut très tôt assimilée à la déesse grecque Aphrodite, dont elle prit un grand nombre de caractéristiques et d'attributs. On l'a aussi identifiée à la déesse égyptienne Isis et rapprochée de la déesse asiatique Astarté. On l'a associée au cuivre (car elle viendrait de Chypre), au nombre cinq, à la couleur bleue, et au cinquième jour de la semaine, le vendredi (qui signifie littéralement "jour de Vénus"). Les Saxons ont utilisé le nom de leur déesse de la fertilité, Fria, ce qui a mené au nom anglais de vendredi (Friday), tandis que le vendredi français indique son origine gréco-latine.
Plusieurs légendes -parfois contradictoires- se sont formées autour de Vénus-Aphrodite.
Il est plus approprié de parler de la naissance d'Aphrodite, la Vénus romaine ayant repris les caractéristiques d'Aphrodite. Il existe deux versions de la naissance d'Aphrodite.
Selon le poète épique Hésiode, elle serait la fille d'Ouranos (le Ciel), dont les parties génitales, tranchées par son fils, le Titan Cronos, furent jetées à la mer et formèrent de l'écume qui engendra la déesse (son nom vient du mot "aphros" qui signifie l'écume). Elle fut alors portée jusqu'à l'île de Cythère, puis jusqu'à Chypre. Selon cette légende, elle serait arrivée dans l'existence directement sous la forme d'une jeune femme, sans avoir vécu d'enfance.
Selon la version relatée par Homère, Aphrodite serait la fille de Zeus et de Dioné
Aphrodite était mariée à Héphaïstos, mais elle eut de nombreux amants, parmi lesquels Arès, le dieu de la guerre et Adonis. Des amours d'Arès et d'Aphrodite naquirent, entre autres, Eros (le dieu de l'Amour, dont l'équivalent romain est Cupidon), Déimos (la Terreur), Phobos (la Peur) et Harmonie (qui devint plus tard la femme du roi de Thèbes, Cadmos).
Elle aima aussi le mortel Anchise, prince troyen dont elle eut un fils, Enée, le célèbre héros fondateur du peuple romain. Aphrodite avait recommandé à Anchise de ne dire à personne que son fils était l'enfant d'une déesse, de crainte que Zeus l'apprenne et ne foudroie l'enfant. Mais Anchise, un jour qu'il était ivre, se vanta de ses amours et Zeus envoya sur lui ses foudres, le rendant ainsi boiteux ou, selon d'autres traditions, aveugle.
Pâris et les trois déesses
Aphrodite fut indirectement la cause de la guerre de Troie. Un jour, Eris (la
Discorde), alors que les dieux étaient assemblés pour les noces
de Thétis et Pélée, lança une pomme d'or (la "pomme
de discorde") au milieu d'eux, disant qu'elle devait être accordée
à la plus belle des trois déesses Athéna, Héra et
Aphrodite. Une contestation s'éleva et Zeus chargea Hermès de
conduire les trois déesses sur l'Ida où Pâris (le fils du
roi de Troie, Priam) jugerait le débat. Les déesses plaidirent
leur cause chacune leur tour et chacune lui promit un présent s'il la
choisissait: Héra lui promit la souveraineté sur l'Asie, Athéna
le succès à la guerre et Aphrodite lui offrit l'amour de la plus
belle femme du monde, Hélène de Sparte. Pâris choisit Aphrodite
et, avec son aide, enleva Hélène, l'épouse de Ménélas,
enlèvement qui fut l'origine de la guerre de Troie.
Au cours de la guerre de Troie, Aphrodite accorda sa protection aux Troyens, et en particulier à Pâris et à son fils , Enée. Elle ne parvint toutefois pas à empêcher la prise de Troie, ni la mort de Pâris. Mais elle aida Enée à s'enfuir de la ville, avec son père Anchise et son fils Iule. Enée fut le fondateur du peuple romain et sa mère, Aphrodite-Vénus, était considérée comme la protectrice de Rome. Elle passait aussi pour l'ancêtre des Iulii, la famille de Jules César, par rapprochement entre le nom de cette famille et celui du fils d'Enée, Iule.
Vénus et Adonis
Les amours d'Aphrodite et d'Adonis donnèrent lieu à de nombreux récits. Smyrna (ou Myrrha), la fille du roi de Chypre Cinyras, avait encouru la colère d'Aphrodite car sa mère, Cenchréis, avait déclaré que sa fille était plus belle que la déesse. Celle-ci, par vengeance, inspira à Smyrna un amour incestueux envers son propre père; elle réussit à s'unir à lui à son insu et tomba enceinte. Elle se réfugia alors dans la forêt et Aphrodite la transforma en arbre à myrrhe. Dix mois après l'arbre fut coupé en deux et il en sortit un enfant qui reçut le nom d'Adonis.
Aphrodite confia l'enfant à Perséphone (la déesse des Enfers) pour qu'elle l'élève. Mais les deux déesses tombèrent amoureuses de lui, et Perséphone ne voulut pas le rendre à Aphrodite. Le débat entre les deux déesses fut arbitré par Zeus (ou par la muse Calliope) et on décida qu'Adonis vivrait un tiers de l'année avec Aphrodite, un tiers avec Perséphone et un tiers où il voudrait. Mais il passait toujous deux tiers de l'année avec Aphrodite... Il fut tué par un sanglier, envoyé, selon les traditions, par Artémis ou par Arès.
Ishtar
Cette histoire est très semblable à l'histoire de la déesse sumérienne Ishtar. Les Sumériens, dont l'astronomie grecque a repris plusieurs idées, ont vu cette planète comme Inanna, ou Ishtar ou Eshtar. C'était l'étoile du matin et la déesse de l'amour - amour particulièrement sexuel et érotique-, ainsi que de la guerre et des batailles. Elle a des ailes, est montée sur un lion et est armée d'un arc et de flèches. Elle est habituellement représentée près du dieu du soleil, puisqu'elle est toujours près du soleil. Elle avait une soeur - sa contrepartie du soir qui était la gardienne du passage au monde des morts.
La déesse sumérienne Ishtar
Elle descendit aux Enfers pour trouver l'âme de son amoureux mort, Tammuz. Durant son voyage aux Enfers, elle fut dépouillée de sa gloire par les gardiens de l'enfer. Quand elle vint devant la reine des morts, elle était accrochée sur un crochet à viande et laissée pour morte. Par la suite elle fut sauvée par la volonté des dieux et devint la reine du ciel.
Pour les Chinois, la planète était associée au métal (plus spécifiquement à l'or), à la direction de l'ouest, et au même jour de la semaine. L'idée d'une semaine de sept jours avec les planètes régissant les heures et les jours a pu venir de l'Inde.
Les astronomes d'Amérique centrale ont eu un concept semblable. Pour les Mayas, Vénus était la déesse de la guerre, et était censé émettre des rayons néfastes apportant la mort et la destruction. Les astronomes mayas notèrent avec soin les mouvements de la planète et fondèrent leur calendrier rituel sur ceux-ci.
Le calendrier Maya (crédit: Corel Corporation)