Fiche pédagogique n°27b
Les distances dans l'univers
Pourquoi sont-elles importantes à connaître?
Parce qu'elles fournissent:
- un point de départ pour l’astrophysique : la distance de tout objet dans l’univers
est un paramètre décisif pour la compréhension de ses mécanismes de production
d’énergie. Une incertitude d’un facteur 2 sur la distance
signifie une erreur d’un facteur 4 sur le calcul de la puissance.
- un point de départ pour la cosmologie : les distances sont nécessaires pour
déterminer la structure, l’évolution et l’âge de l’univers
en expansion. .
Qu’est-ce que l’ « échelle de distance »?
C’est la procédure
pour mesurer progressivement des distances de plus en plus grandes dans le
cosmos. Les objets dont les propriétés sont bien connues sont utilisés pour
étalonner des objets plus grands, plus brillants et plus lointains. Ceux-ci
seront à leur tour utilisés pour étalonner d’autres indicateurs de
distance pour des objets situés à des distances encore plus grandes. Après
plusieurs étapes comme celles-ci, nous avons les moyens de mesurer des
distances cosmologiques.
Etalons cosmiques et unités de distance
Le kilomètre est une unité
très pratique pour mesurer des distances sur Terre, mais elle est beaucoup
trop petite pour etre utilisée en astronomie. Les
astronomes utilisent deux unités de distance différentes (étalons) pour
mesurer l’univers. La première, utile dans le système solaire, est l’Unité
Astronomique (UA): c’est la distance moyenne entre le Soleil et la
Terre (définition originale) 1 UA = 149 597 870 691 m (149,6 millions km) = 499,005 secondes-lumière
Une seconde-lumière est la distance parcourue par
la lumière en une seconde, soit 299 792 km. Une autre unité nécessaire pour
de plus grandes distances stellaires et galactiques est l’
année-lumière (AL). C’est la distance parcourue par la lumière
pendant un an : 1 année-lumière (AL) = 63 240 UA = 9.450 1012 km Les astronomes utilisent également une troisième unité
de distance, le parsec (pc) – voir plus bas.
Distances dans le système solaire
La planète géante Saturne à une distance de 1209 millions de km (8,08 UA). La photo est composée de deux photos prises
dans deux bandes du domaine proche infrarouge (H et K) et montre la structure
en bandes de l’atmosphère planétaire et des anneaux. (ESO VLT NAOS-CONICA instrument d’optique adaptative le 8
décembre 2001).
Comment mesure-t-on les
distances?
- Historiquement : après que la troisième loi de Kepler a
été découverte, les astronomes ont pu déterminer les distances relatives
dans le système solaire. Cependant, pour connaître la dimension
véritable du système solaire, il faut mesurer une distance absolue (c’est
à dire en kilomètres) entre une planète et le soleil. Très tôt, il est
apparu que l’une des possibilités était de déterminer la valeur de
1 UA par des observations de passages de Vénus devant le Soleil.
- Aujourd’hui: des mesures radar et laser fournissent la
distance des petites et grandes planètes avec une précision de quelques
mètres.
Terre-Lune
|
0.003 AU
|
Soleil-Mercure
|
0.387 AU
|
Soleil-Vénus
|
0.723 AU
|
Soleil-Terre
|
1.000 AU
|
Soleil -
Mars
|
1.524 AU
|
Soleil -
Jupiter
|
5.20 AU
|
Soleil -
Saturne
|
9.54 AU
|
Soleil -
Uranus
|
19.18 AU
|
Soleil -
Neptune
|
30.06 AU
|
Soleil -
Pluton
|
39.44 AU
|
Nuajes de Oort (comètes)
|
3000 - 135000 AU
|
On
consultera la fiche n°27a pour plus de détails sur les distances dans le
système solaire.
Les étoiles et la voie lactée
L’impressionnante galaxie spirale NGC 1232, qui ressemble à la
galaxie de la Voie Lactée dans laquelle nous vivons. Sa distance est d’environ
100 millions d’années-lumière. La photo est composée de trois photos
prises dans des longueurs d’ondes différentes (couleurs). (ESO VLT
FORS2 instrument multi-mode; 1998). ).
Comment mesurons-nous les distances dans la voie lactée?
La galaxie
de la Voie Lactée dans laquelle nous vivons est un très grand système. Si l’on
pouvait la voir de l’extérieur, elle ressemblerait à la galaxie spirale
NGC 1232 présentée dans la photo ci-dessus. Afin de mesurer les distances aux
étoiles les plus proches, les astronomes utilisent la méthode de triangulation .
En raison du mouvement annuel de la Terre sur son orbite autour du Soleil, la
position observée des étoiles proches décrit une petite ellipse sur la sphère
celeste. Le demi-grand
axe de cette ellipse (l’angle sur le ciel) est appelé parallaxe
annuelle (?). Plus l’étoile est éloignée, plus la taille de l’ellipse
- et donc la parallaxe - est petite. En mesurant la valeur exacte de la
parallaxe, on peut en déduire la distance de l’étoile.
Grâce aux observations de nombreux télescopes depuis le sol, du télescope
spatial Hubble et surtout du satellite astrométrique Hipparcos
de l’ESA, les parallaxes des étoiles situées jusqu’à 1000
années-lumière ont été mesurées.
Le parsec (pc) est une autre unité de distance utilisée pour les
étoiles et les galaxies; elle dérive directement de la notion de parallaxe
mentionnée plus haut. Un parsec est la distance à laquelle le demi-grand axe de l’orbite terrestre est vu sous un
angle de 1 seconde d’arc . Il y a 3600 secondes d’arc dans 1 degré et
360 degrés dans un cercle complet, donc en réalité une seconde d’arc
est un tout petit angle. Si l’on avait mesuré la parallaxe ?, alors la distance d = 1/? [exprimée en pc] x 1 pc =
3,26 AL. L’étoile la plus proche, Proxima Centauri , a une
parallaxe de 0,77233 secondes d’arc, qui correspond à une distance de
1,2931 pc, ou 4,22 AL.
Une autre méthode est basée sur la brillance apparente (telle que nous la
voyons dans le ciel) et la luminosité (la brillance intrinsèque, telle qu’elle
est vraiment) d’une étoile . Les astronomes déterminent le type de l’étoile
(son « type spectral ») d’après les spectres observés et ils
en déduisent sa luminosité. Etant donné que la brillance apparente d’une
étoile décroît comme le carré de la distance, la comparaison entre la
luminosité et la brillance apparente permet de calculer la distance.
Il y a une autre méthode pour déterminer les distances qui est basée sur un
type particulier d’étoiles - les « Cépheïdes »
– étoiles super-géantes instables, de type spectral
F-G et qui pulsent avec des périodes de 2 à 40
jours. En 1912 une astronome américaine, Mademoiselle Henrietta
Leavitt, a trouvé en étudiant plusieurs centaines de ces Cépheïdes
dans les nuages de Magellan qu’il existe une relation entre la
brillance apparente et la période de pulsation. Comme toutes ces étoiles
étaient situées dans la même petite galaxie et par conséquent à peu près à la
même distance, elle découvrit l’existence de la relation dite relation
période-luminosité pour les Cépheïdes
. Plus la pulsation est lente, plus l’étoile est lumineuse. Cette
relation astronomique de base a été raffinée plus tard par d’autres
astronomes dont Walther Baade (1950).
Par conséquent, si l’on détermine la période de pulsation d’une
étoile Cépheïde, ont peut en déduire la luminosité
de l’étoile en utilisant la relation période-luminosité
de Leavitt's. Enfin, la comparaison de la luminosité et de la brillance
apparente permet de déduire la distance. Actuellement, l’étalonnage le
plus fiable de la relation période-luminosité est
obtenu en utilisant des Cépheïdes galactiques dont
la parallaxe trigonométrique est connue et celle des nuages de Magellan.
A quelle distance sont les
étoiles de notre galaxie ?
Etoiles
les plus proches
|
quelques années-lumière
|
L'amas
globulaire M13 dans Hercule
|
26 années-lumière
|
Taille
de la voie lactée
|
Le disque
aplati avec environ 150 milliards d'étoiles
|
diamètre 100 000 années-lumière
|
Le système
sphérique d'étoiles(le "halo")
|
diamètre environ 200 000
années-lumière
|
Distance
du Soleil au centre
|
environ 30 000 années-lumière
|
Distances extragalactiques
Un amas distant de galaxies, connu sous le nom de "Cl2244-02". L’arc
est un "arc gravitationnel", c’est à dire l’image
déformée d’une galaxie vue dans la même direction, mais située loin
derrière cet amas. La distorsion est causée par le champ de gravitation de l’amas.
Une des méthodes de détermination des distances est basée sur cet effet
particulier. La photo est un composite de trois images prises à des longueurs
d’ondes différentes (bandes visibles et infra-rouge).
(ESO VLT Caméra test + ISAAC instrument multi-mode;
1998).
Comment mesure-t-on la distance aux galaxies?
Les astronomes disposent
maintenant de plusieurs méthodes de fiabilité variable pour mesurer les
distances au-delà de la Voie Lactée.
La méthode des « Cépheïdes », permet de mesurer des distances
raisonnablement fiables jusqu’à environ 100 millions d’années-lumière,
si elle est utilisée avec de grands télescopes au sol et le télescope spatial
Hubble).
Les courbes de lumière d’étoiles
en éruption (les "novae") d’autres galaxies
ressemblent aux novae de la Voie Lactée. Il y a une relation entre leur
luminosité et la vitesse avec laquelle leur lumière faiblit après l’explosion.
En observant soigneusement la décroissance de la brillance après une
explosion de novae, il est donc possible d’estimer sa luminosité. Enfin,
la comparaison de la luminosité et de la brillance apparente permet de
calculer la distance.
Les Supernovae
(explosion stellaire au cours de laquelle une étoile massive est complètement
détruite et son matériau est soufflé dans l’espace environnant; un objet
dense – une étoile à neutrons ou un trou noir peut éventuellement subsister)
sont de précieux indicateurs de distance grâce à leur gigantesque luminosité.
Elles peuvent être ainsi vues à de très grandes distances. Il apparaît que le
pic de luminosité d’une supernova de type Ia
est à peu près le même pour toutes les explosions. Si l’on suppose que
c’est réellement le cas, l’observation de la brillance apparente
de la supernova permet de calculer sa distance. Cette méthode fonctionne
jusqu'à 1000 millions d’années-lumière.
La méthode la plus utilisée pour des galaxies à des distances encore plus
grandes est la relation dite relation de Hubble. Cela consiste à
mesurer le décalage vers le rouge (z) c’est à dire déterminer de
combien se sont décalées les raies spectrales de la lumière de la galaxie
vers les grandes longueurs d’ondes, par rapport aux spectres normaux
(obtenus sur Terre en “laboratoire”). En 1929, l’astronome américain
Edwin Hubble a trouvé que les spectres des galaxies présentent un décalage vers
le rouge proportionnel à leur distance. On sait maintenant que cet effet est
causé par l’expansion de l’Univers. Une galaxie à une distance d’1
million d’années-lumière a une vitesse d’environ 20 km/s (La valeur de la « constante de Hubble »),
tandis que l’amas de galaxies Virgo, à une
distance d’environ 60 millions d’AL s’échappe
avec une vitesse 60 fois plus grande, soit 1200 km/s.
Ceci est juste un aperçu des méthodes les plus importantes. Il y a d’autres
méthodes basées sur la taille caractéristique ou la brillance des nuages d’hydrogène
ionisé (« régions H II »), des galaxies, des bras spiraux ou leur
mouvement. Il y a même d’autres méthodes plus avancées qui utilisent la
brillance des galaxies dans des amas ou des lentilles gravitationnelles.
A quelles distances sont
les galaxies?
Nuages de
Magellan - deux petites galaxies satellites de notre voie lactée
|
160 000 années-lumière
|
Galaxie
d'Andromède (M31) - l'objet le plus lointain visible à l'oeil nu
|
2 millions d'années-lumière
|
Amas de
galaxies de la "Coma"
|
325 millions nd'années-lumière
|
Les problèmes rencontrés dans cette estimation des distances
Chacune des méthodes de
mesure de distances dans l’univers qui ont été mentionnées a des
limites et des incertitudes. Les astronomes doivent veiller à prendre en
compte les facteurs d’incertitude supplémentaires causés par une grande
variété d’effets comme : la luminosité de la galaxie, la
composition chimique (« métallicité »).
Toutes les mesures de brillance doivent être corrigées de l’effet de
« rougissement interstellaire » qui consiste en l’absorption
de la lumière par du gaz interstellaire le long de la ligne de visée des
objets étudiés.
Un voyage rapide dans l'univers en chevauchant un rayon lumineux
Si l’on suppose que l’on
envoie un rayon lumineux depuis la Terre, combien de temps mettrait cette
lumière (qui se déplace à la vitesse maximum de 299 792 km/s
selon la théorie de la relativité) pour atteindre différents objets dans l’Univers
? Pour les réponses, regardez la table ci-dessous.
La lune
|
1.2 seconde
|
Le Soleil
|
8 min 20 sec
|
La planète
Pluton
|
5.3 heures
|
Proxima du
Centaure - l'étoile la plus proche
|
4.2 années
|
Sirius -
l'étoile la plus brillante du ciel
|
8.6 années
|
L'étoile
polaire (Polaris)
|
432 années
|
Le centre
de la voie lactée
|
30 000 années
|
La galaxie
d'Andromède
|
2 millions d'années
|
L'amas de
galaxies de la Vierge
|
60 millions d'années
|
3C273 - un
quasar
|
2.5 milliards d'années
|
|